samedi 17 mars 2018

16 mars 2018, Réseau des Ecoles Alternatives du Québec, rencontre conjointe à l'école des Petits-Explorateurs : la vie démocratique scolaire est-elle inclusive


Les participants sont invités à partager entre eux au sujet des pratiques favorisant la participation à la vie démocratique dans l’école alternative dans une perspective inclusive (tenant compte de la diversité des élèves). Il leur est demandé de commenter ces pratiques afin d’aider à les rendre mieux adaptés (si possible) à la diversité des élèves qui fréquentent ou pourraient fréquenter leurs milieux. Une série de questions pour soutenir l’analyse est proposée par Jean Horvais et Mélanie Paré. (voir en fin de message)

Vie démocratique et séparation des pouvoirs dans les écoles alternatives

Les occurrences dans le document des 17 conditions :

Condition 1 : Un milieu de vie créatif, responsable et ouvert sur le monde

L’école publique alternative outille l’élève pour qu’il devienne un citoyen autonome, critique, responsable et engagé.
Que, dans une optique de réciprocité éducative, tous les adultes de la communauté soient engagés avec les élèves dans le projet démocratique de l’école

p. 43 : La vie qui bouillonne dans une école alternative en dégageant les gestes qu’elle pose quotidiennement…

• pour faire circuler le sang de l’information dans toutes ses veines;
• pour créer des structures démocratiques en classe et dans l’école;
• pour offrir un modèle citoyen aux élèves;
• pour reconnaître les talents et expériences de tous les membres de la communauté
• pour créer enfin un espace physique favorable à la réalisation des projets des élèves.

Condition 14 : Une grande importance accordée à la prise de parole de l’élève, à l’écoute des autres et à sa participation à l’organisation de la vie de l’école

Nous trouvons important que l’élève d’une école publique alternative s’investisse dans la vie de groupe, s’approprie et respecte le processus démocratique.
Pourquoi donne-t-on tant d’importance à la parole de l’élève et à sa participation à l’organisation de la vie de l’école ?
Parce que le processus de prise de parole et d’écoute entre les élèves est une source d’apprentissage à la base de la vie démocratique;
Parce que l’élève doit apprendre à participer au débat citoyen de sa classe et de son école, en toute démocratie, pour construire le bien commun. C’est ainsi que la communauté se concrétise;
Qu’est-ce que ce choix entraîne pour une école publique alternative ?
Qu’elle mette en place des structures démocratiques dans lesquelles l’élève occupe sa place : rassemblements, assemblée générale des élèves, conseil étudiant, comité de classe ou autres appellations selon les structures des écoles;

Condition 16 : Une école en cogestion

Nous considérons qu’en tant que cogestionnaires, les parents, l’équipe-école et les enfants partagent la responsabilité d’une gestion centrée sur l’élève, transparente, flexible et ouverte aux réalités et changements du milieu.
Parce que les principes de cohérence et de vie démocratique sollicités chez les enfants sont aussi attendus de la part de tous les partenaires de l’école;


La notion de démocratie est inscrite en toutes lettres dans le document des 17 conditions. Elle est présente comme :
  • objet d’apprentissage : apprendre à vivre au sein d’institution démocratique + apprendre à participer à la vie démocratique (lignes 17 – 18)
  • condition d’apprentissage : le fonctionnement démocratique favorise l’apprentissage de la prise de parole, de la délibération, de la décision, de la coopération… (lignes 21 – 24)
  • principe structurant de l’institution scolaire : des processus et des structures de fonctionnement sont définis (lignes 10 et 27)
  • signe d’appartenance de l’école à une société : la démocratie scolaire reflète l’idéal démocratique de la société démocratique dans laquelle elle s’inscrit (ligne 5)
  • utopie : l’école est un lieu social d’expérimentation démocratique innovante (lignes 35 – 36)

L’un des principes cardinaux auxquels se reconnait une démocratie est celui de la séparation des pouvoirs. Il a été énoncé par le philosophe anglais John Locke (1632 1704) dans son "Second traité du Gouvernement Civil" de 1690 et plus tard par Montesquieu (1689-1755) dans "L'esprit des lois" (1748). Ce principe distingue le pouvoir exécutif (pouvoir de décider et d’entreprendre une action), le pouvoir législatif (pouvoir de déterminer les règles du droit : fonctionnement, obligations, interdits, peines encourues…), et le pouvoir judiciaire (pouvoir de juger et de sanctionner). Or, il n’est pas rare que dans les milieux scolaires, dans la classe en particulier, ces trois pouvoirs soient confondus parce qu’exercés en permanence par une seule personne, le plus souvent l’enseignant·e qui détermine ce que les élèves doivent faire, leur indique ce qu’ils encourent s’ils s’y dérobent, estime la valeur de leurs productions et enfin prononce et s’assure de l’exécution des sanctions si nécessaire.
Mais les écoles alternatives mettent en place des instances démocratiques assurant autant que faire se peut cette séparation des pouvoirs. Il serait donc intéressant d’explorer ces pratiques par une série de questions parmi lesquelles : Quelles sont ces instances dans chacune de nos écoles ? Comment fonctionnent-elles ? Dans quelle mesure les enfants participent-ils à leur élaboration ? Dans quelle mesure les enfants participent-ils à leur fonctionnement ? Quelles sont les limites et obstacles rencontrés ? En quoi (et pourquoi) sont-elles inspirées ou différentes du modèle socio-politique en vigueur dans le pays ?

Sur cette base, nous vous proposons d’examiner en trois temps distincts :

  • Comment nos écoles et nos classes vivent-elles le pouvoir exécutif ?
  • Comment nos écoles et nos classes vivent-elles le pouvoir législatif ?
  • Comment nos écoles et nos classes vivent-elles le pouvoir judiciaire ?


Voici le questionnaire proposé aux focus-groupes : une vie démocratique inclusive à l’école alternative…

  1. Est-ce que l’on consulte les élèves au sujet du soutien dont ils ont besoin? Comment s’y prend-on pour cela ?

  2. Est-ce que l’on consulte les élèves éprouvant des difficultés importantes au sujet du soutien dont ils ont besoin et pour déterminer qui pourrait le leur fournir? Comment s’y prend-on pour cela ?

  3. Est-ce que les élèves sont impliqués dans la recherche de façons pour surmonter leurs difficultés et celles des autres au niveau des apprentissages? Comment s’y prend-on pour cela ?

  4. Est-ce que l’on consulte les élèves au sujet de la qualité des leçons? Comment s’y prend-on pour cela ?  

  5. Est-ce que les élèves peuvent opérer des choix au niveau des activités? A quels propos peuvent-ils faire des choix ?

  6. Est-ce qu’il y a des dispositifs et des espaces pour que les élèves prennent leur tour pour parler, écouter et demander des clarifications les uns des autres aussi bien que des membres du personnel? Quels sont-ils ? Comment fonctionnent-ils? (On peut penser, entre autres, aux conseils des élèves, aux ateliers philo…)

  7. Est-ce que les élèves sont impliqués dans la résolution des difficultés ou conflits qui se présentent en classe et dans l’école (circulations, cour, autres locaux)  ? De quelles manières cela se réalise-t-il ? Est-ce codifié ?

  8. Est-ce que les élèves sont impliqués dans la formulation des règles de la classe, de l’école ? De quelles manières cela se réalise-t-il ?

  9. Est-ce que l’on consulte les élèves sur les façons d’améliorer l’atmosphère en classe? De quelles manières cela se réalise-t-il ? En quelles occasions ?


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